mardi 23 novembre 2010

Aïda

La création italienne de Aïda, le 8 février 1872 à la Scala, est un immense triomphe pour le compositeur. Il est rappelé trente-deux fois ! La presse se fait l'écho de cet incroyable succès. Le maestro en est presque agacé. S'il avait mal vécu les critiques précédentes, il continue pourtant à se sentir incompris quand tous l'honorent. Tous sauf un...


Quelques mois après la première, il reçoit une lettre d'un obscur spectateur, Prospero Bertani. Celui-ci lui fait part de sa déception devant le célèbre opéra. Influencé par les critiques élogieuses, il était allé le voir une première fois... puis une seconde, comme pour confirmer une insatisfaction qu'il était le seul à ressentir. Or l'inconnu, encore étudiant, connaît d'importantes difficultés financières. La somme naïvement dépensée dans le seul but de voir Aïda trouble donc son repos, au point qu'il se résout à en réclamer le remboursement au compositeur.

Amusé, Verdi fait suivre la lettre à une administrateur de la Scala, avec sa réponse. Il est disposé, pour sauver un homme " des spectres effroyables qui troublent son repos ", à payer la petite note mais à une condition : " Il vous en donnera un reçu, plus une petite lettre par laquelle il s'engagera à ne plus aller écouter mes nouveaux opéras, afin de ne plus s'exposer aux menaces des spectres et m'épargner de nouveaux frais de voyage... "

Prospero Bertani accepte le marché, et envoie, comme convenu, une lettre au compositeur dans laquelle il promet de ne plus venir assister à l'un de ses opéras... Quant à Verdi, il n'oublie pas l'incident. Dorénavant, il utilise le prénom et le nom du jeune homme pour parler du spectateur " de base " !

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