vendredi 23 avril 2010

Le bleu de Prusse

L'histoire du bleu de Prusse constitue un bel exemple de la façon dont plusieurs découvertes scientifiques arrivent. Au début du XVIIIe siècle, à Berlin, un fabricant de couleurs nommé Diesbach produisait et vendait un très beau rouge. Pour fabriquer ce rouge il utilisait, entre autres ingrédients, de la potasse.

Un jour, Diesbach alla s'approvisionner de potasse chez un chimiste du nom de Dippel. Cet homme peu scrupuleux lui vendit du carbonate de potasse frelaté. De retour à son atelier, Diesbach se servit de cette potasse pour faire précipiter une décoction de cochenille à laquelle il ajoutait du sulfate de fer. Ce jour-là, à sa grande surprise, il n'obtint pas le rouge habituel mais un bleu profond magnifique. Ne comprenant pas ce qui était arrivé, le fabricant de couleurs retourna chez son fournisseur pour obtenir dédommagement.

Dippel, devinant que sa potasse frelatée était responsable de la tournure des événements, comprit tout de suite le potentiel commercial de ce nouveau bleu. Il s'employa à raffiner la recette de Diesbach et en vint à créer un bleu profond et stable qui s'appela d'abord bleu de Berlin avant d'être généralement connu sous le nom de bleu de Prusse.

Jusqu'à la découverte accidentelle du bleu de Prusse, les pigments utilisés pour peindre en bleu étaient soit rares et chers, comme le lapis lazuli, ou peu performants. Cela explique probablement pourquoi le bleu avait été si peu utilisé par les artistes et les teinturiers avant le XVIIIe siècle.

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